Une belle récompense pour Marchiennes !

Le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France réagit à l’annonce du classement en réserve naturelle de la tourbière de Marchiennes.

© B. Gallet (Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France)

Ce mercredi 02 février, suite à l’examen du dossier de classement porté par le Parc Naturel Régional Scarpe Escaut, la Tourbière de Marchiennes obtient par décret son classement officiel en Réserve naturelle nationale, la 11ème en Hauts-de-France, la 356ème en France et devient la « Réserve naturelle nationale de la Tourbière alcaline de Marchiennes ». « C’est une grande joie de voir ce site exceptionnel propriété du Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France et du Département du Nord classé en Réserve naturelle nationale, se réjouit Christophe Lépine, président du Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France. « C’est une étape de plus pour protéger ce joyau de nature et le gérer pour renforcer ses potentialités écologiques mais aussi sa place dans un territoire exceptionnel au service des habitants, en lien avec notre partenaire le Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut qui a tant œuvré pour la création de cette réserve à nos côtés et celui des services de l’État que je remercie également.»

En février dernier, Bérangère Abba, Secrétaire d’état en charge de la Biodiversité, en visite officielle sur le site de la tourbière de Marchiennes, appelait de ses vœux ce classement en Réserve naturelle nationale, cette création répondant à l’objectif national* de doubler les surfaces des zones humides en protection forte. Depuis, le dossier a franchi chacune des étapes de consultation pour aboutir à son classement par décret ministériel un an plus tard.

© L.Caron (Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France)

Une tourbière alcaline d’importance nationale et européenne 

La Réserve naturelle nationale de la tourbière alcaline de Marchiennes tire son nom de l’originalité de son milieu naturel. En effet, pauvre en nutriment et en oxygène, alimenté pour partie par les eaux souterraines, il se caractérise par une saturation du sol en eau tout au long de l’année. C’est cet engorgement quasi permanent qui conditionne la formation d’un sol composé d’une accumulation de matière organique (feuilles, branches.. ) peu ou mal décomposée : la tourbe. Ces conditions indispensables à la bonne santé des tourbières sont malheureusement mises à mal par leur assèchement qui engendre et accélère leur l’embroussaillement. Initié par le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France et porté avec 9 structures associées, le LIFE Anthropofens, programme européen de préservation des tourbières alcalines en Hauts-de-France et de Wallonie, dont la Tourbière de Marchiennes, a pour vocation à réhabiliter ces milieux et à créer les conditions nécessaires à leur maintien. Le projet a rendu possible l’acquisition de ce joyau, déjà entretenu et préservé avec bienveillance par ses anciens propriétaires privés amoureux du marais, par le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France fin 2019 et permettra de nombreuses études et travaux au cours des prochaines années.

© L.Caron (Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France)

Un site aux multiples enjeux

Au cœur des vallées de la Scarpe et de l’Escaut, labellisées RAMSAR, la désormais Réserve naturelle nationale de la Tourbière alcaline de Marchiennes s’étend sur 34 hectares de marais alcalins tourbeux typiques où s’entremêlent vastes zones de roselières, prairies humides, boisements et réseau de fossés, témoins de l’histoire du territoire. Dès le Moyen-âge, les marais et tourbières du territoire ont été aménagés par les grandes abbayes monastiques, utilisant les fossés créés pour la production de poissons et les bandes de terres (appelées localement « lègres ») pour le maraîchage ou, pour les plus inondées, pour la culture et l’exploitation des roseaux pour les toitures de chaume.

Aujourd’hui, la tourbière est devenue un exemple original représentatif et bien conservé de tourbière alcaline de la Vallée de la Scarpe et surtout un écrin de nature au patrimoine naturel exceptionnel. Grenouille des champs, Dolomède, Butor étoilé, Blongios nain, Grande douve, Gesse des marais… le site naturel abrite de multiples espèces rares et menacées. Leur inventaire encore incomplet promet encore de belles surprises. Ce sera l’objet des suivis de la faune et de la flore réalisés dans les mois à venir par les naturalistes du Conservatoire d’espaces naturels épaulés de leurs homologues du Conservatoire Botanique national de Bailleul et du PNR Scarpe Escaut. L’amélioration des connaissances écologiques tout comme la préservation de la ressource en eau et la compréhension du fonctionnement hydrologique du site sont parmi les objectifs du futur plan de gestion, dont la rédaction va être engagée cette année.

© L.Caron (Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France)

Le classement en Réserve naturelle nationale, une étape

La procédure de classement à peine aboutie, les prochaines échéances se profilent déjà : la désignation du gestionnaire de la Réserve dans les mois qui viennent puis, au cours de cette année et jusqu’en 2023, la rédaction du plan de gestion qui centralisera l’état des connaissances actuels du site et la feuille de route des travaux et études et actions à venir pour les cinq prochaines années ainsi que la poursuite des travaux de restauration.

L’ouverture de ce site naturel d’exception est également programmée. Il répond aux attentes de la population locale mais aussi de visiteurs adeptes de tourisme vert pour se ressourcer et profiter des bienfaits de la nature dans un cadre privilégié. Un sentier de balade aménagé par le Département du Nord existe déjà sur la partie nord, il sera sans doute renforcé dans les prochaines années par une ouverture au public du secteur sud. Il s’agira alors de concilier l’accès aux visiteurs et la quiétude de la faune sur la réserve.

En attendant, des sorties nature guidées par un animateur seront organisées durant l’année. Retrouvez toutes les dates sur cen-hautsdefrance.org et partez à la découverte de la toute nouvelle Réserve naturelle nationale de la Tourbière alcaline de Marchiennes.

Pour en savoir plus :

www.cen-hautsdefrance.org

www.life-anthropofens.fr

* L’action 35 du Plan national biodiversité vise à conforter le réseau d’aires protégées et cible la création ou l’extension de 20 Réserves naturelles nationales d’ici 2022.