L’histoire du barrage temporaire a débuté en 2008 avec un objectif : protéger les amphibiens. Mais cet ouvrage a également d’autres rôles. Depuis 10 ans, il est un formidable outil de sensibilisation à la fragilité des zones humides et une aventure humaine enrichissante pour des dizaines de bénévoles qui s’investissent chaque année. Un travail partenarial exemplaire s’est construit ici pour faire vivre et valoriser ce barrage temporaire.
Chaque année, à la fin de l’hiver, les amphibiens convergent en direction des zones en eau (étangs, mares) pour réaliser leur cycle de reproduction. C’est le cas sur le site de l’Etang de Waligny à Ligny-sur-Canche où des centaines de grenouilles, tritons et crapauds traversent la route pour atteindre le plan d’eau. Le franchissement de la route départementale très fréquentée était fatal à bon nombre d’entre eux.
Aussi, le Conservatoire d’espaces naturels Nord Pas-de-Calais, gestionnaire des zones humides de Waligny depuis 2005, a souhaité mobiliser un réseau de bénévoles pour installer et faire vivre un barrage temporaire pour amphibiens et ainsi les protéger d’une mort certaine. Avec le concours des acteurs locaux (Commune de Ligny-sur-Canche, association des habitants de Ligny, Groupe des naturalistes du Ternois, CPIE Val d’Authie), ce projet a vu le jour en 2008, première année de mise en place d’un barrage temporaire pour amphibiens.
En 10 ans, plus de 5 000 amphibiens sauvés !
Le barrage temporaire, comment ça marche ?
Les amphibiens passent l’hiver en forêt, et au printemps, migrent vers les zones humides, pour se reproduire. À Ligny-sur-Canche, la RD 941, route très passante, sépare la zone d’hivernage de celle de reproduction. Une tranchée est donc creusée et une bâche est installée sur le bord de la route pour empêcher les amphibiens de traverser et se faire écraser. Les crapauds, tritons et autres grenouilles sont guidés vers des seaux, il ne reste alors qu’à les relever chaque jour et à les déposer au bord de l’eau, de l’autre côté de la route.
Dès le début février, des bénévoles installent le barrage temporaire lors d’un chantier nature devenu au fil des ans une institution. Puis chaque matin, jusqu’à avril, des bénévoles se relaient pour vider les seaux qui se sont remplis d’amphibiens au cours de la nuit. Pour le retour, inutile d’installer à nouveau une bâche, les passages sont beaucoup plus espacés dans le temps : certaines espèces vont ainsi passer l’essentiel de l’année en milieu aquatique (grenouilles vertes…), d’autres, plutôt en milieu terrestre, comme la grenouille rousse.
Le barrage temporaire, une aventure humaine…
L’installation du barrage temporaire réunit chaque année une vingtaine de bénévoles.
Les relevés quotidiens, planifiés en amont, sont assurés par :
– les bénévoles de l’association Bien vivre à Ligny de 2008 à 2018,
– la commune de Ligny-sur-Canche,
– les bénévoles du Conservatoire d’espaces naturels du Nord et du Pas-de-Calais,
– les bénévoles du Groupe des naturalistes du Ternois,
– les bénévoles de l’association la Linoise à partir de 2019.
Évolution des effectifs globaux relevés entre 2009 et 2018
Depuis son installation en 2008, le barrage temporaire a permis de sauver plusieurs centaines d’amphibiens chaque année. Un pic de plus de 900 animaux recueillis a même été atteint en 2015. Puis, comme observé sur d’autres barrages temporaires, le nombre d’amphibiens a atteint un seuil. On peut penser que celui-ci est pour partie lié aux limites naturelles du site (en nourriture par exemple). D’autres éléments d’ordre naturel peuvent également expliquer la fluctuation des effectifs d’une année à l’autre, avec la mort d’amphibiens lors des périodes d’hivernage (grands froids) et de reproduction (sécheresse) ou encore la présence de prédateurs. De nombreuses hypothèses sont envisageables mais n’ont pour le moment pas fait l’objet d’études scientifiques.
Un barrage temporaire : 7 espèces protégées !
Nombre total d’individus observés par espèces sur la période
Répartition en nombre des espèces par année
Au fil des années, l’espèce la plus représentée parmi les amphibiens présents dans les seaux est le Crapaud commun. Toutefois, en 2015 (année record pour le nombre d’individus présents) une plus grande diversité d’espèces a pu être observée, avec une nette augmentation du nombre de grenouilles rousses et grenouilles vertes. Parallèlement cette même année, nous avons assisté à une baisse du nombre de crapauds communs.
Répartition en pourcentage des espèces sur la période (2009 – 2018)
Un outil de sensibilisation grandeur nature !
Apprenez à reconnaître les amphibiens…
Triton ponctué ou Triton alpestre ? Grenouille rousse ou Crapaud commun ? Le relevé des seaux est l’occasion pour les bénévoles d’identifier les amphibiens, de connaître leur cycle de vie et d’être sensibilisés à la protection de leurs habitats. Aussi, le Conservatoire d’espaces naturels propose régulièrement des animations pour vous emmener à la découverte de la faune et de la flore régionales. Retrouvez tous les rendez-vous nature proposés au grand public en consultant notre site web.
Vous voulez participer à l’installation ou aux relevés du barrage temporaire et rejoindre les bénévoles ? Faites-vous connaître au 03 21 54 75 00.
Une réflexion sur « Opération « Sauvons les garnoulles » : bilan 2008 – 2018 du barrage temporaire pour amphibiens »
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