Biodiversité : découvertes et observations remarquables en 2019 sur les sites gérés par le Conservatoire d’espaces naturels Nord Pas-de-Calais

Prospection sur le terain par des chargés d’études scientifiques © Conservatoire d’espaces naturels

Le suivi permanent de la biodiversité (faune, flore, habitats) et des paramètres abiotiques (qualité physico-chimique de l’eau, niveaux piézométriques…) est la condition nécessaire pour une réelle évaluation des mesures de protection et de gestion des habitats naturels.
En contribuant directement à l’amélioration de la connaissance du patrimoine naturel régional, le suivi scientifique des sites assure l’efficacité constante des interventions du Conservatoire d’espaces naturels Nord Pas-de-Calais sur le terrain et permet le développement des savoir-faire régionaux en matière de génie écologique et de conservation de la nature.

Quelques découvertes naturalistes remarquables, en 2019

Le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) sur l’espace Calmette à Camiers (62)
Fin Avril 2019, 60 individus de Grand Rhinolophe sont observés lors de la visite d’un bâtiment technique désaffecté situé dans le parc arboré de l’Institut Départemental Albert Calmette de Camiers (en convention de gestion depuis 2017). Il s’agit probablement d’un gîte de transit (en juin seuls 3 individus étaient encore observés) pour l’espèce avant son installation probable dans les remparts de Montreuil pour la mise bas qui a lieu vers la mi-juin. Seuls 2 gîtes de mise bas sont connus à l’échelle du Nord Pas-de-Calais (Ardres et Montreuil) et des gîtes d’hivernage. Très peu de gîtes de transit l’étaient jusqu’alors. Cette découverte est donc un nouveau pas vers la connaissance de l’espèce et de ses déplacements.
La Grande douve (Ranunculus lingua) sur le marais de Beaumerie-Saint-Martin (62)
Dans le cadre du renouvellement du plan de gestion et suite aux travaux de gestion mis en place, la Grande douve a été observée pour la première fois sur le marais de Beaumerie. Pas moins de 24 stations, pour plus de 150 individus de cette plante protégée au niveau national, ont été observées au sein du parc de pâturage mis en place en 2016.
Le Scirpe penché (Isolepis cernua) sur la carrière de Dannes (62)
Le Scirpe penché est une Cyperaceae discrète (5 à 20 cm de hauteur) qui affectionne les tonsures hygrophiles. Sa répartition se situe en France sur la frange ouest et méditerranéenne. En 2019, le Scirpe penché fait une ré-apparition au nord de la Canche, sur la carrière de Dannes (plus d’une centaines de pieds sur environ 200 m2), dans une ancienne fosse d’extraction de craie, au sein de délaissés d’exploitation confiés en gestion au CEN en 2013 par l’entreprise EQIOM.

Découverte de deux nouvelles espèces remarquables sur le site de la Ferme à Lunettes (Sains-du-Nord, 59) lors d’une sortie réalisée en partenariat avec la Société de botanique du nord de la France (SBNF) :

Le Bident radié (Bidens radiata)
Cette espèce exceptionnelle pour la région Hauts-de-France n’est connue que du secteur de l’Avesnois (Trélon, Wallers-en-Fagne) où elle pousse à la faveur des exondations estivales des étangs. La régulation des niveaux d’eau sur la plupart des étangs du secteur constitue la principale menace pour le Bident radié. La découverte d’une population sur un site géré par le Conservatoire est une bonne nouvelle pour cette espèce actuellement en danger d’extinction en région.
La Renouée mineure (Persicaria minor)
Cette espèce, très rare à l’échelle des Hauts-de-France, n’avait pas été mentionnée sur la commune depuis 25 ans. De même écologie que la précédente, son statut de menace n’est pas connue en raison des difficultés de détermination de l’espèce (difficile à distinguer de la Renouée douce – Persicaria mitis).

Autres observations remarquables en 2019

Effectif record pour la Berle à larges feuilles (Sium latifolium) sur la RNR des Prés du Moulin Madame (62)
La présence de cette grande apiacée est attestée depuis longtemps sur la réserve mais jamais les effectifs n’avaient été aussi importants avec plus de 25 pieds pour six stations comptabilisés en 2019. Cette espèce en danger d’extinction en région Hauts-de-France a connu une régression considérable de ses populations du fait de la destruction et de la dégradation des zones humides.
Rempart de Maubeuge (CC – Chatsam)
Des effectifs en progression continue pour les chauves-souris en hibernation dans les remparts de Maubeuge (59)
Le nombre de chauves-souris en hibernation dans les remparts de Maubeuge a dépassé le seuil des 60 individus en 2019. Ces résultats sont le fruit de l’engagement de la Ville de Maubeuge, de la Communauté d’agglomération Maubeuge-Val de Sambre (CAMVS), du Conservatoire d’espaces naturels, de la Coordination mammalogique du Nord de la France et de leurs bénévoles qui assurent conjointement le suivi annuel des populations. Les aménagements prévus dans le cadre du Plan d’actions Chiroptères devraient se poursuivre dans les années à venir et garantir de meilleures conditions d’accueil pour les chauves-souris.
Un comptage de plus de 400 pieds de Céphalanthère de Damas (Cephalanthera damasonium) sur le Mont de Wallers-en-Fagne (59)
Cette espèce d’orchidée liée aux lisières et boisements calcicoles, découverte en 2017 sur le site, a fait l’objet d’un comptage en 2019. Environ 420 pieds ont été dénombrés. Il pourrait s’agir de la plus grosse population connue à l’échelle des Hauts-de-France.

Le Liparis de Loesel (Liparis loeselii) sur le marais de Villiers (62)

Comme chaque année, un comptage du Liparis de Loesel, petite orchidée vulnérable et très rare, a été effectué sur le marais de Villiers par des salariés et bénévoles du Conservatoire. Au total, 166 individus de cette espèce d’intérêt européen ont été comptabilisés, ce qui constitue la seconde meilleure année depuis le début du suivi en 2009. L’espèce a également été redécouverte cet été dans les Marais de la Souche (02), où elle n’avait pas été vue depuis 100 ans.

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