De nouvelles ambitions qui se concrétisent sur le site de l’Étang de la Galoperie

081_pho_inauguration_anor_2016_e-dewever-13Le vendredi 9 septembre 2016 Luc Barbier, Président du Conservatoire d’espaces naturels du Nord et du Pas-de-Calais, Daniel Skierski, Président de la Fédération du Nord pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, Jean-Luc Pérat, Maire d’Anor et Président de la Communauté de Communes Sud Avesnois et Olivier Thibault, Directeur Général de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, Benoît Wascat, Conseiller régional des Hauts-de-France, se sont réunis le 9 septembre dernier pour l’inauguration des travaux de renaturation du site naturel de la Galoperie à Anor et de l’activité de float-tube proposée sur une partie de l’étang ; en présence de représentants du Parc naturel régional de l’Avesnois.

Enjeux et synergie autour de ce projet…

Le site de la Galoperie, enclavé dans la forêt du Bois de la Haie d’Anor, possède un cadre naturel exceptionnel que le Conservatoire d’espaces naturels du Nord et du Pas-de-Calais (propriétaire depuis 2013) préserve dans le cadre d’un plan de gestion écologique qui prévoit un certain nombre d’opérations de restauration et de gestion du milieu naturel financées en grande partie par l’Agence de l’Eau Artois Picardie, mais aussi par l’Europe et la Région. Fruit d’une volonté collégiale des élus, des usagers et des propriétaires, une demande de classement du site au titre des Réserves naturelles régionales a été déposée auprès de la Région ; celle-ci est en cours d’instruction.

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Herbier à Nénuphars © CEN – B. Gallet

Dans ce cadre, un objectif de «haute naturalité» est ambitionné sur cet ensemble de 45 hectares. Cette haute naturalité vise à la fois le complexe de prairies, friches et boisements des versants sud de l’étang (exploitation des résineux et des espèces ligneuses ornementales, vestiges de l’ancien parc d’attraction) mais également le complexe humide de l’étang (queue d’étang et zones en eau). Pour ce dernier, une opération du plan de gestion écologique envisage de restaurer un peuplement et un équilibre piscicoles les plus naturels possibles. À cet effet, est mise en place une activité de «pêche durable» sur ce site d’exception.

L’utilisation exclusive du float tube permettra d’une part pour la Fédération du Nord pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique de proposer une activité de pêche originale (seul un site proposait jusqu’alors ce type de pêche dans le département) et d’autre part, pour le CEN, de s’appuyer sur ce nouvel usage pour tendre vers un peuplement piscicole le plus naturel possible. Cette pratique, en étant limitée en terme de zone d’accès à l’entrée, assure la préservation d’une zone de frayère en amont comme des berges nord et sud de l’étang qui présentent des enjeux patrimoniaux importants (faune, flore et habitats naturels).

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Cette offre s’inscrit également dans la volonté communale de développer un tourisme vert original à Anor (notamment une offre d’hébergement à Haute Qualité Environnementale) en «immersion nature».

Anor, une nature riche et préservée

La commune d’Anor offre une atmosphère rurale et préservée. Afin de valoriser son patrimoine naturel, plusieurs projets s’orientent vers le développement d’une offre éco-touristique adaptée avec notamment, la création de gîtes à «haute qualité environnementale» (HQR).

Le sentier des Gabelous, l’un des deux sentiers de grandes randonnées (GR) traversant Anor, longe une partie du site de l’étang de la Galoperie. Les randonneurs peuvent ainsi profiter de jolis points de vues sur la future Réserve naturelle régionale.

À terme, un sentier pédagogique traversera le site de l’étang de la Galoperie afin de permettre aux habitants et aux touristes de découvrir sa richesse écologique.

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Les travaux de renaturation sur le site de l’étang de la Galoperie

Le site « Étang de la Galoperie » se situe sur la commune d’Anor, sur le bassin versant de l’Oise Amont, identifié comme Réservoir de biodiversité dans le Schéma Régional de Cohérence Écologique.

Il s’étend sur plus de 50 hectares et est occupé sur près de 7 hectares par un plan d’eau situé en travers de la rivière l’Eau d’Anor qui se jette via une chute d’eau dans le ruisseau des Anorelles.

Le site de la Galoperie, comme bon nombre de plans d’eau dans le secteur d’Anor, fut créé dès le XVIe siècle, pour une utilisation industrielle. La force hydraulique engendrée par ces réservoirs d’eau était utilisée pour la métallurgie. Par la suite, le site de la Galoperie devint un parc d’attraction qui prit fin dans les années 80. À présent, le site retrouve ses droits et la nature reprend sa place.

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Circuits de randonnée des Gabelous à Anor (12 km et 13,5 km)
Circuits de randonnée des Gabelous à Anor
(12 km et 13,5 km)

Un espace remarquable à préserver

Ce site offre une grande diversité de milieux par la présence du plan d’eau, de boisements anciens et de prairies. Cette richesse en habitats naturels favorise une biodiversité importante, avec de nombreuses espèces végétales et animales, des reptiles telle la Couleuvre à collier, des libellules, près de 70 espèces d’oiseaux dont des espèces emblématiques du territoire du Parc Naturel Régional de l’Avesnois comme le Cincle plongeur, la Pie-grièche écorcheur…

La dégradation des milieux humides constatée depuis plusieurs décennies constitue une menace pour cet environnement. C’est pourquoi, en 2013, le Conservatoire d’espaces naturels du Nord et du Pas-de-Calais s’est porté acquéreur du site avec le soutien de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie et de l’Europe pour la préservation des habitats humides.

Afin de préserver cet espace constituant un enjeu majeur pour la biodiversité régionale, un plan de gestion a été réalisé pour les années 2014 à 2018 en partenariat avec les acteurs du territoire. À partir des enjeux identifiés, un programme de travaux de gestion a été défini, validé par les différents acteurs et est depuis mis en œuvre.

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Des objectifs, un plan de gestion écologique…

Les objectifs de ce plan de gestion sont les suivants :

  1. la restauration de la continuité écologique et l’adaptation du fonctionnement hydrologique de l’étang, notamment par le suivi de l’évolution des niveaux d’eau ;

  2. la restauration d’une mosaïque de milieux hygrophiles des bords d’étangs forestiers de la Fagne ;

  3. la restauration de l’originalité paysagère et écologique des prairies et du bocage, par la plantation de haies, l’étêtage de charmes têtards, la fauche exportée ou le pâturage de végétation ;

  4. la sensibilisation à l’environnement par la pose de panneaux de présentation du site.

Ces opérations répondent aux objectifs de restauration et de préservation du patrimoine naturel. La pratique de la pêche, concertée avec la Fédération du Nord de la Pêche et de la Protection des Milieux Aquatiques, et la randonnée pédestre devraient permettre de en valeur la richesse de ce site pour une meilleure appropriation par le public des enjeux écologiques. L’activité agricole a également été remise en place sur près de 15 hectares pour participer à la restauration des milieux prairiaux.

Ce panneau pédagogique installé récemment à l’entrée du site a été inauguré officiellement le 11 septembre 2016
Ce panneau pédagogique installé récemment à l’entrée du site a été inauguré officiellement
le 11 septembre 2016

Un cadre naturel exceptionnel : support d’un développement socio-économique durable

Gestion écologique du site et usages actuels

Dans le cadre du plan de gestion écologique du site, le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) met en place une série d’opérations visant à restaurer et gérer cette réserve en s’appuyant sur le savoir-faire et les usages locaux. Le CEN a ainsi initié des partenariats avec deux exploitants agricoles de la commune, pour assurer une gestion par pâturage, ou fauche, des anciennes friches. Récemment, le CEN a signé une convention avec la Fédération du Nord pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique afin que les amateurs de float-tube puissent s’adonner à leur passion sur une partie de l’étang. Ce partenariat répond notamment à l’une des préconisations inscrites au plan de gestion écologique pour ce site : le prélèvement de certaines espèces de poissons pouvant affaiblir l’écosystème et donc sa biodiversité.

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Remise en pâturage (bovin et ovin) d’une partie du site (13 hectares) grâce au partenariat initié par le CEN avec un éleveur local qui s’est lancé dans une certification bio.
Mise en place d’une fauche tardive sur certaines prairies du site grâce au partenariat avec un exploitant agricole local qui participe également à une expérimentation destinée à favoriser la réapparition de plantes messicoles au travers d’une culture céréalière sans intrant ni produit chimique.
Mise en place d’une fauche tardive sur certaines prairies du site grâce au partenariat avec un exploitant agricole local qui participe également à une expérimentation destinée à favoriser la réapparition de plantes messicoles au travers d’une culture céréalière sans intrant ni produit chimique.
Le CEN, qui ponctuellement peut proposer des animations sur le site à destination du grand public, prévoit un partenariat avec le CPIE Bocage de l’Avesnois afin que cette association puisse assurer des visites guidées de manière plus régulière.
Le CEN, qui ponctuellement peut proposer des animations sur le site à destination du grand public, prévoit un partenariat avec le CPIE Bocage de l’Avesnois afin que cette association puisse assurer des visites guidées de manière plus régulière.

Quels sont les habitats naturels traduisant le caractère exceptionnel du site ?

Prairies centrales © CEN - B. Gallet
Prairies centrales © CEN – B. Gallet
Chênaie © CEN - B. Gallet
Chênaie © CEN – B. Gallet
Chute d’eau © CEN - B. Gallet
Chute d’eau © CEN – B. Gallet
Queue d’étang © CEN - B. Gallet
Queue d’étang © CEN – B. Gallet
Mégaphorbiaie © CEN - B. Gallet
Mégaphorbiaie © CEN – B. Gallet
Mégaphorbiaie © CEN - B. Gallet
Hêtraie à Luzule blanchâtre © B. Gallet
Saulaie marécageuse © CEN - B. Gallet
Saulaie marécageuse © CEN – B. Gallet

Quelles sont les espèces remarquables associées à ces milieux ?

Cincle plongeur (Cinclus cinclus)
Cincle plongeur (Cinclus cinclus)
Cordulie à deux tâches (Epitheca bimaculata)
Cordulie à deux tâches (Epitheca bimaculata)
Nacré de la sanguisorbe (Brenthis ino)
Nacré de la sanguisorbe (Brenthis ino)
Pie grièche écorcheur (Lanius collurio)
Pie grièche écorcheur (Lanius collurio)
Brochet (Esox lucius)
Brochet (Esox lucius) © Fédération du Nord pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique

Quelques données chiffrées

30 habitats naturels remarquables

277 espèces végétales, dont 28 d’intérêt patrimonial

43 espèces animales considérées comme patrimoniales

Une nouvelle offre de pêche sur l’étang de la Galoperie à Anor… en float-tube !

Pêche en float-tube
Pêche en float-tube

Le plan d’eau de la Galoperie, anciennement propriété de la commune d’Anor, a été racheté en 2013 par le Conservatoire d’espaces naturels du Nord et du Pas-de-Calais (CEN). Afin de répondre aux attentes du CEN, la Fédération a travaillé à un règlement intérieur formalisant l’accès pour pratiquer la pêche.

Depuis plusieurs années, la Fédération de pêche du Nord souhaitait développer un produit pêche novateur dans le département, les deux structures ont collaboré pour définir un projet spécifique avec la mise en oeuvre d’une « pêche durable » sur le site de l’étang de la Galoperie à Anor, permettant la pratique du loisir-pêche mais aussi en préservant ce site exceptionnel et son patrimoine naturel remarquable en cohérence avec le projet de Réserve naturelle régionale.

La seule technique de pêche utilisée sera celle du «Float Tube», cette méthode respectueuse du milieu n’utilise pas de carburant et entraînera un dérangement limité pour le milieu.

Une zone de mise à l’eau exclusive est définie et cartographiée sur la fiche adéquate téléchargeable sur le site www.peche59.com et sur le panneau signalétique implanté sur site.

L’accès aux berges de l’étang (hors de la «zone de descente») reste donc interdit, ce qui permettra la préservation de leur patrimoine. La pêche sera concentrée sur la partie basse du plan d’eau, la partie haute constituant un secteur refuge (zone de fraie du brochet).

La pêche est autorisée du 1er septembre au 31 janvier et ne pourra concerner plus de 10 pêcheurs par jour sur le site. Par ailleurs, seule la pêche du carnassier aux leurres artificiels est autorisée : soit un Brochet et / ou une Perche par jour et par pêcheur ; Sandres et Silures de manière illimitée avec prélèvement obligatoire pour le Silure.

Cette offre de pêche s’inscrit également dans la volonté communale de développer un tourisme vert original dans le secteur de la Galoperie en immersion «nature».

Chaque pêcheur devra rendre compte de ses captures auprès de la Fédération qui collectera les données, qui permettront d’établir un diagnostic précis de la situation et un plan d’actions de gestion adapté aux enjeux de conservation du patrimoine naturel identifiés par le CEN. Une politique halieutique* de gestion du loisir pêche en découlera.

La gestion halieutique* peut être définie comme « la science de l’exploitation des ressources vivantes aquatiques »

Interview de Luc Barbier, Président du Conservatoire d’espaces naturels du Nord et du Pas-de-Calais

Luc Barbier, lors de son discours d'inauguration
Luc Barbier, lors de son discours d’inauguration


« Les Conservatoires d’espaces naturels (CEN) ont pour ambition de protéger les coeurs de nature des régions dans lesquelles ils sont implantés. L’Avesnois est un coeur de nature pour notre région car on y trouve de grandes forêts et de grandes vallées. Le site de la Galoperie est exceptionnel puisqu’il s’agit d’un étang typique des étangs de Fagne ; c’est pourquoi on y trouve une qualité environnementale importante. Il y a eu, il y a quelques années, une opportunité de cession qui s’est faite au profit de l’Établissement public foncier (EPF) qui a rasé les bâtiments vetustesd’un ancien parc d’attraction abandonné depuis plus de 20 ans. La commune a racheté la parcelle où se trouvaient ces anciens bâtiments et sur la partie naturelle du site s’est posée la question de son devenir. Avec le Parc naturel régional de l’Avesnois et la commune est venue l’idée que le Conservatoire d’espaces naturels pouvait en devenir le propriétaire afin d’imaginer un projet intégré.Demain, lorsque la commune mettra en oeuvre son projet d’habitats à haute qualité environnementale, il y aura forcément un soutien, un apport différent puisque ce n’est pas notre coeur de métier mais nous ferons en sorte que les deux projets s’harmonisent parfaitement. Aujourd’hui, il y a une nouvelle prise en main par le CEN du Nord et du Pas-de-Calais qui participe à cette nouvelle ambition pour le site de l’Etang de la Galoperie. »

Une offre de tourisme vert, est-ce compatible avec le projet de Réserve naturelle ?

« Il y a effectivement une compatibilité ; d’autant que dans la région des Hauts de France nous sommes trop nombreux pour faire de « la nature sous cloche » comme certains le disent. Les gens ont besoin de poumons verts ; à partir du moment où le projet est bien conçu, bien harmonisé, bien canalisé, ça peut se faire sans grand dommage pour la nature. »

Qu’est-ce qu’il a d’exceptionnel sur ce site en terme de faune et de flore ?

« Il y a 8 espèces de plantes qui sont d’un niveau très intéressant, au niveau des listes rouges ou des listes d’espèces protégées. Concernant les poissons il y a notamment des brochets. Il y a ici un lieu de reproduction naturelle (une frayère) ; ce qui en fait un site très important pour le grand nord de la France. Au niveau des oiseaux, il y a 16 espèces remarquables. Pendant les discours on entendait de la Chouette hulotte, de la Sitelle et on a vu un Martin pêcheur qui passait. Pour les ornithologues cela peut paraître banal mais pour le commun des visiteurs ce sont des espèces qui ont un gros pouvoir d’attraction. »

Quelle est l’ambition du CEN ?

« Notre première mission c’est la conservation ; donc pour nous cela signifie remettre en place des dispositifs de gestion. On est en train de remettre des parcs pâturés sur des prairies humides pour permettre la restauration d’un habitat naturelde prairies avec les espèces qui lui sont inféodées ; cela se fait avec des agriculteurs qui mettent leurs moutons ou leurs vaches, ou viennent faucher. C’est vraiment un système intégré où les 3 agriculteurs sont de la commune ou des communes avoisinantes. »

La presse en parle aussi : article de La Voix du Nord paru le 13/09/2016