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Suivi de migration du Phragmite aquatique en région Hauts-de-France

Bilan 2022 du suivi de migration du Phragmite aquatique en région Hauts-de-France

Le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts de France a été désigné animateur de la déclinaison régionale du PNA en faveur du Phragmite aquatique par la DREAL des Hauts de France depuis 2010.

Dans le cadre de cette animation, différentes actions sont menées annuellement. C’est le cas notamment du suivi de la migration qui bat son plein comme chaque année au mois d’août. C’est en effet à cette période que la majorité de la population de Phragmite aquatique rejoint ses quartiers d’hivernage africains depuis ses sites de nidification en Europe de l’ouest.

L’année 2022 a été riche d’activités pour les Hauts de France. Un petit bilan s’impose…

3 stations de suivi par le baguage ont ouvert sur l’ensemble de la région :

  • La station de référence de la déclinaison régionale du PNA : le marais de Guînes (62)
  • Une station dans l’estuaire de la Somme (80)
  • La station des marais de Sacy (60)

Le suivi par le baguage permet d’évaluer l’utilisation des sites de migration par l’espèce : sont-ils fonctionnels pour l’espèce, c’est-à-dire permettent-ils au Phragmite aquatique de se reposer et de se nourrir afin de pouvoir rejoindre ses quartiers d’hivernage dans de bonnes conditions ? Ce suivi permet aussi, à plus large échelle, d’évaluer l’état des populations, les phénologies de migration et les trajets migratoires.

  • Sur le marais de Guînes (62), station gérée par Eden 62, le suivi s’est déroulé du 5 au 26 août.

Au total, 19 oiseaux capturés (pour un total de 28 actions de capture) dont 3 individus bagués à l’étranger : 2 jeunes bagués en Belgique et 1 adulte bagué sur son site de nidification en Lituanie.

Sur ces 19 individus, 3 ont pu être contrôlé 24 à 48 h après la première capture, avec, pour 2 oiseaux sur les 3, une prise de masse signifiant que ces oiseaux ont trouvé de quoi s’alimenter sur le site. Cela affirme le statut de halte migratoire du marais de Guînes.

Ce ne sont pas moins de 12 individus de Phragmite aquatique qui ont été bagués.

Ces dix jours de baguage nous permettent d’obtenir plus d’informations sur l’importance de la l’estuaire de la Somme dans le réseau des sites de migration des Hauts de France. En effet, cette station rejoint les deux stations régionales les plus fréquentées (à l’aune des connaissances actuelles) que sont le Marais de Guînes (62) et le marais audomarois (62). L’absence de données de contrôle inter journaliers pour cette année 2022 peut toutefois poser question : les oiseaux trouvent-ils de quoi s’alimenter sur le site ? ou est-ce uniquement un site de transit ?

Cependant, sur un faible nombre d’individus capturés comme c’est le cas globalement pour le Phragmite aquatique, les probabilités de contrôles sont faibles elles aussi. Ainsi, la réitération de ce suivi dans les années à venir permettrait de mieux évaluer l’utilisation du site par l’espèce.

Ci-dessous un comparatif du nombre de Phragmite aquatique bagués par jour pour 100 m de filet entre les stations de Guînes et de l’estuaire de la Somme, ainsi que l’indice ACROLA (nombre d’ACROLA capturés/ nombre d’Acrocephalus sp * 100)

Sur les marais de Sacy (60), après la capture de 2019, aucune nouvelle capture.

Recherche de nouveaux sites de présence

2 sites naturels gérés par Eden 62, considérés zones de présence potentielle, ont aussi bénéficié de recherche par le baguage : un site dans le marais audomarois et un site dans le marais de Beuvry (62). Sur la première station, un individu a été bagué et contrôlé 3 jours plus tard avec prise de masse. Les contextes relativement boisés autours de ces deux sites expliquent sans doute la faible fréquentation de ces derniers alors que les habitats présents collaient aux exigences de l’espèce.

Des captures incidentes ou des observations directes

  • A noter la capture de 2 individus adultes début août sur une station de suivi ornithologique de la vallée de la Marcq (62) ;
  • Plusieurs informations d’observations directes cette année :
    • 1 observation rapportée sur le Val Joly, dans l’Avesnois (59), ainsi que 2 observations au sein de l’estuaire de la Slack (62).
    • L’est de la région (Avesnois/ Aisne) et les estuaires des Hauts-de-France font partie des zones de présence potentielle non prospectées à l’heure actuelle.

Merci à Eden 62 et à ses bagueurs, plus mobilisés et impliqués que jamais cette année ; à Xavier Commecy et Frédéric Baroteaux de Picardie Nature ainsi qu’à Benjamin Blondel du SMBSGLP ; à Michel Datin et l’équipe de la SOMS ; aux bagueurs de Cap Ornis baguage et pour finir aux ornithologues vigilants qui ont alerté le Conservatoire sur les données d’observations directes.

Phragmite aquatique : dix grammes voyageant de l’Europe de l’est à l’Afrique

Phragmite aquatique © L. ROUSSEAUX

Le Phragmite aquatique est un petit passereau qui niche dans les tourbières des pays de l’est européens. C’est actuellement l’espèce de passereau continental la plus menacée d’Europe. Une grande majorité de sa population traverse la France lors de sa migration, principalement via la façade atlantique, pour aller passer l’hiver en Afrique. La France a donc la responsabilité de lui fournir des zones de halte de qualité qui lui permettent de se nourrir et de se reposer.

Tous les ans, en août, les ornithologues de la région se mobilisent dans le cadre d’un Plan national d’Actions, pour la recherche de sites de halte migratoire et le suivi de l’espèce. L’objectif : identifier les trajets migratoires et les sites d’importance pour les haltes ainsi que le suivi des effectifs et la phénologie de passage de l’espèce.

Le Phragmite aquatique est une espèce très discrète qu’il est pratiquement impossible d’observer en dehors de la capture au filet. Cette méthode d’étude permet d’équiper chaque oiseau d’une bague unique. Cela permet alors de retracer leurs déplacements lorsqu’ils sont à nouveau capturés sur d’autres sites. Des mesures biométriques sont aussi réalisées, comme la taille de l’aile, l’adiposité (les réserves de graisses qui leur permet d’effectuer leur long voyage), la masse mais aussi leur âge. L’âge ratio (nombre de juvénile par rapport au nombre d’adultes) permet d’évaluer le succès de la reproduction.

Marais de Guînes (62) © L. ROUSSEAUX

Cet effort de capture s’inscrit à une échelle mondiale. Le marais de Guînes, géré par Eden 62, est le site de référence pour le suivi de l’espèce au niveau des Hauts-de-France. Cette année, comme chaque mois d’août depuis 2011, les bagueurs d’Eden 62 effectuent donc le baguage des individus de Phragmite aquatique interceptés sur le site. Le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France, animant au niveau régional le Plan National d’Actions en faveur du Phragmite aquatique, est allé leur rendre visite et a eu la chance de pouvoir observer de près cette petite boule de plumes.

Opération de baguage du Phragmite aquatique sur le Marais de Guînes (62) © L. ROUSSEAUX

D’autres acteurs de la préservation de la biodiversité en région Hauts-de-France sont impliqués dans ce programme, citons tout particulièrement Cap ornis baguage, co-animateur de cette déclinaison, le Parc naturel régional Caps et Marais d’Opale, le Parc naturel régional Scarpe-Escaut et Picardie Nature qui participent régulièrement à la recherche et au suivi de l’espèce en région.

Cet oiseau, qui ne pèse qu’une dizaine de grammes, reliera l’Europe de l’est à l’Afrique de l’ouest en seulement quelques jours avec très peu de pauses. Souhaitons leur bonne route !

Voici une comparaison entre le Phragmite aquatique (3 bandes sur la tête) et le Phragmite des joncs (deux bandes sur la tête).

Vous pouvez retrouver le suivi de la migration du Phragmite aquatique et toutes les informations sur l’espèce sur le site internet de Bretagne vivante : https://www.bretagne-vivante.org/France/Le-Plan-National-d-Actions-en-faveur-du-Phragmite-aquatique/Suivre-la-migration-du-Phragmite-en-France