Phragmite aquatique : dix grammes voyageant de l’Europe de l’est à l’Afrique

Phragmite aquatique © L. ROUSSEAUX

Le Phragmite aquatique est un petit passereau qui niche dans les tourbières des pays de l’est européens. C’est actuellement l’espèce de passereau continental la plus menacée d’Europe. Une grande majorité de sa population traverse la France lors de sa migration, principalement via la façade atlantique, pour aller passer l’hiver en Afrique. La France a donc la responsabilité de lui fournir des zones de halte de qualité qui lui permettent de se nourrir et de se reposer.

Tous les ans, en août, les ornithologues de la région se mobilisent dans le cadre d’un Plan national d’Actions, pour la recherche de sites de halte migratoire et le suivi de l’espèce. L’objectif : identifier les trajets migratoires et les sites d’importance pour les haltes ainsi que le suivi des effectifs et la phénologie de passage de l’espèce.

Le Phragmite aquatique est une espèce très discrète qu’il est pratiquement impossible d’observer en dehors de la capture au filet. Cette méthode d’étude permet d’équiper chaque oiseau d’une bague unique. Cela permet alors de retracer leurs déplacements lorsqu’ils sont à nouveau capturés sur d’autres sites. Des mesures biométriques sont aussi réalisées, comme la taille de l’aile, l’adiposité (les réserves de graisses qui leur permet d’effectuer leur long voyage), la masse mais aussi leur âge. L’âge ratio (nombre de juvénile par rapport au nombre d’adultes) permet d’évaluer le succès de la reproduction.

Marais de Guînes (62) © L. ROUSSEAUX

Cet effort de capture s’inscrit à une échelle mondiale. Le marais de Guînes, géré par Eden 62, est le site de référence pour le suivi de l’espèce au niveau des Hauts-de-France. Cette année, comme chaque mois d’août depuis 2011, les bagueurs d’Eden 62 effectuent donc le baguage des individus de Phragmite aquatique interceptés sur le site. Le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France, animant au niveau régional le Plan National d’Actions en faveur du Phragmite aquatique, est allé leur rendre visite et a eu la chance de pouvoir observer de près cette petite boule de plumes.

Opération de baguage du Phragmite aquatique sur le Marais de Guînes (62) © L. ROUSSEAUX

D’autres acteurs de la préservation de la biodiversité en région Hauts-de-France sont impliqués dans ce programme, citons tout particulièrement Cap ornis baguage, co-animateur de cette déclinaison, le Parc naturel régional Caps et Marais d’Opale, le Parc naturel régional Scarpe-Escaut et Picardie Nature qui participent régulièrement à la recherche et au suivi de l’espèce en région.

Cet oiseau, qui ne pèse qu’une dizaine de grammes, reliera l’Europe de l’est à l’Afrique de l’ouest en seulement quelques jours avec très peu de pauses. Souhaitons leur bonne route !

Voici une comparaison entre le Phragmite aquatique (3 bandes sur la tête) et le Phragmite des joncs (deux bandes sur la tête).

Vous pouvez retrouver le suivi de la migration du Phragmite aquatique et toutes les informations sur l’espèce sur le site internet de Bretagne vivante : https://www.bretagne-vivante.org/France/Le-Plan-National-d-Actions-en-faveur-du-Phragmite-aquatique/Suivre-la-migration-du-Phragmite-en-France