Archives de catégorie : Sites naturels à découvrir

Montreuil-sur-Mer et le Conservatoire d’espaces naturel des Hauts-de-France : 25 ans de partenariat en faveur des chauves-souris

Remparts de Montreuil

Depuis 1997, le Conservatoire et la commune de Montreuil-sur-Mer se sont associés pour la protection et la préservation des populations de chauves-souris avec l’appui de la Coordination mammalogique du Nord de la France (CMNF). Vingt-cinq ans plus tard, ce partenariat n’a cessé de s’étoffer et surtout de porter ses fruits.

Un engagement de longue date en faveur des chauves-souris

14 espèces de chauves-souris fréquentent la commune à divers moments de l’année, ce qui en fait un site majeur pour des chiroptères en Hauts-de-France. Cette richesse est liée au caractère médiéval de la commune qui offre une multitude de cavités et gîtes propices aux différentes espèces de chauves-souris. C’est donc tout naturellement que le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France s’est intéressé à la commune de Montreuil-sur-Mer et a signé dès 1997 une convention de gestion des cavités souterraines.

Une série d’aménagements ainsi que des suivis hivernaux et estivaux ont dès lors été mis en place en partenariat avec la CMNF. Les aménagements et les gîtes protégés se sont développés au fil des années et permettent désormais la protection de plus 9 gîtes d’hivernage/transit et 2 gîtes de mise bas (Grand Rhinolophe/Murin à Oreilles échancrées et Grand Murin). Des opérations de restauration écologique ont également permis d’améliorer la matrice paysagère et la ressource alimentaire pour les chauves-souris du territoire (pâturage extensif bovin, ovin, caprin et fauche tardive). La richesse du site a d’ailleurs été reconnue à travers l’inscription des principaux gîtes de la commune au sein du réseau Natura 2000.

Retour sur 25 ans de suivis

Le territoire de Montreuil-sur-mer est donc connu depuis longtemps pour son intérêt dans la conservation des chauves-souris. Il a fait l’objet d’un suivi régulier depuis de nombreuses années par la CMNF et le Conservatoire d’espaces naturels Hauts-de-France. Et l’évolution est encourageante tant les effectifs évoluent positivement depuis un quart de siècle. En témoigne les suivis hivernaux depuis 1994.



Figure 1: Suivi hivernaux de 1994 à 2021 (nouveaux gîtes prospectés en 2010)

Zoom sur le Grand Rhinolophe

Le Grand Rhinolophe est une des espèces emblématiques sur la commune. En effet, jusqu’à récemment la colonie de mise bas de la Citadelle constituait la seule colonie connue de l’ex région Nord-Pas-de-Calais pour cette espèce. L’évolution des effectifs conforte les efforts entrepris. Les effectifs sont passés de 20 individus en 2000 à plus de 200 depuis 2019. On notera également, la présence d’une colonie de Murins à oreilles échancrées qui augmente de manière très importante et dont la présence fût mise en lumière en partie grâce à la caméra infrarouge installée en 2017 (cf. ci-après).

De même, les effectifs de Grand Rhinolophe en hivernage ont augmenté significativement depuis 3 ans (98 en 2022), quadruplant les effectifs observés lors de la décennie précédente. Il est possible qu’une partie des individus de Grand Rhinolophe fasse désormais leur cycle complet sur la commune (hivernage, transit, mise bas…). Cela reste bien entendu à confirmer dans le temps mais les effectifs du principal gîte d’hivernage situé à Dannes (dont les échanges avec la colonie de Montreuil avaient été identifiés en 2007) diminuent en parallèle.

On notera également la présence d’une colonie de Grand Murin dans un ancien bâtiment communal. Ce gîte de mise bas est protégé et aménagé depuis 2001. Celui-ci abrite une quarantaine d’individus chaque année.

Prospections 2022

Dans le cadre de l’activité du Conservatoire, d’autres actions de conservation en faveur de la faune et de la flore (zone humide, milieux acides, boisements…) ont été menés à proximité des gîtes. En 2022, il a donc été décidé de vérifier si certaines actions avaient été favorables pour les chiroptères. En premier lieu, la restauration d’un pâturage extensif bovin en zone de marais en contre-bas de la Ville de Montreuil (conversion d’une peupleraie de 2ha en 2017 située à 1km de la colonie de Grand Rhinolophe).

La pose d’enregistreurs s’est avérée concluante avec de nombreux contacts de Grand Rhinolophe en chasse sur le site. De même, dans un boisement ancien sur la commune de Sorrus dont le conservatoire est gestionnaire depuis 1996, plusieurs contacts de Barbastelle ont été enregistrés, laissant fortement suspecter la présent d’une gîte à proximité. Ces éléments viennent compléter encore un peu plus la connaissance de ce site Natura 2000 et conforter les actions de préservation et de restauration de milieux naturels menés par le Conservatoire.

Plan de Relance Chiroptères, Coordination Mammalogique du Nord de la France

Comme évoqué précédemment, la Coordination Mammalogique du Nord de la France a été un partenaire important dans la mise en place des différentes actions en faveur des chauves-souris sur la commune. C’est donc tout naturellement que certains gîtes d’hivernage nécessitant un rafraîchissement ont été repris dans le Plan de Relance de la CMNF, après validation des partenaires locaux du Conservatoire. Deux gîtes d’hivernage/transit ont ainsi pu être réaménagés.

Un troisième gîte de transit pour le Grand Rhinolophe (80 individus), préservé par le Conservatoire depuis 2017 sur la commune de Camiers, sera aménagé cet hiver également dans le cadre de ce plan de relance.

Figure 6: Restauration de deux entrées de gîtes par la CMNF
Figure 6: Restauration de deux entrées de gîtes par la CMNF

Figure 7: Gîte de transit du Grand Rhinolophe à aménager cet hiver à Camiers via le plan de relance

«A la renverse» : l’exposition qui retourne les préjugés

L’exposition « A la renverse » se visite d’avril à septembre au sein de la Citadelle de Montreuil

Enfin, bien que la commune abrite une diversité importante de chauve-souris celles-ci restent méconnues du grand public et victimes de nombreuses idées reçues. Ainsi, le Conservatoire d’espaces naturels a proposé à la commune, au service de la Citadelle et aux partenaires locaux de concevoir et mettre en place une exposition permanente consacrée aux chauves-souris au sein de la Citadelle.

Grâce au financement de la CA2BM et du Fonds LEADER l’ exposition «  A la renverse » a vu le jour début 2017. Un observatoire vidéo (avec retransmission en temps réel d’images filmées par une caméra infra-rouge à l’intérieur même du gîte de mise bas) permet aux visiteurs d’observer en direct les individus de la colonie de Grand Rhinolophe et de Murins à Oreilles échancrées. Un enregistreur permet de programmer l’archivage des vidéos et de pouvoir les analyser à posteriori. Cette exposition se veut également ludique en s’adressant aux petits comme aux grands. Chaque année des animations Grand public et scolaire sont menées sur le site, en particulier dans le cadre des nuits européennes de la chauves-souris.

Voici un aperçu scénarisé des vidéos issues de la colonie de Montreuil-sur-mer :


https://www.youtube.com/watch?v=pAdu3CmHFtM

Une belle récompense pour Marchiennes !

Le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France réagit à l’annonce du classement en réserve naturelle de la tourbière de Marchiennes.

© B. Gallet (Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France)

Ce mercredi 02 février, suite à l’examen du dossier de classement porté par le Parc Naturel Régional Scarpe Escaut, la Tourbière de Marchiennes obtient par décret son classement officiel en Réserve naturelle nationale, la 11ème en Hauts-de-France, la 356ème en France et devient la « Réserve naturelle nationale de la Tourbière alcaline de Marchiennes ». « C’est une grande joie de voir ce site exceptionnel propriété du Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France et du Département du Nord classé en Réserve naturelle nationale, se réjouit Christophe Lépine, président du Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France. « C’est une étape de plus pour protéger ce joyau de nature et le gérer pour renforcer ses potentialités écologiques mais aussi sa place dans un territoire exceptionnel au service des habitants, en lien avec notre partenaire le Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut qui a tant œuvré pour la création de cette réserve à nos côtés et celui des services de l’État que je remercie également.»

En février dernier, Bérangère Abba, Secrétaire d’état en charge de la Biodiversité, en visite officielle sur le site de la tourbière de Marchiennes, appelait de ses vœux ce classement en Réserve naturelle nationale, cette création répondant à l’objectif national* de doubler les surfaces des zones humides en protection forte. Depuis, le dossier a franchi chacune des étapes de consultation pour aboutir à son classement par décret ministériel un an plus tard.

© L.Caron (Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France)

Une tourbière alcaline d’importance nationale et européenne 

La Réserve naturelle nationale de la tourbière alcaline de Marchiennes tire son nom de l’originalité de son milieu naturel. En effet, pauvre en nutriment et en oxygène, alimenté pour partie par les eaux souterraines, il se caractérise par une saturation du sol en eau tout au long de l’année. C’est cet engorgement quasi permanent qui conditionne la formation d’un sol composé d’une accumulation de matière organique (feuilles, branches.. ) peu ou mal décomposée : la tourbe. Ces conditions indispensables à la bonne santé des tourbières sont malheureusement mises à mal par leur assèchement qui engendre et accélère leur l’embroussaillement. Initié par le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France et porté avec 9 structures associées, le LIFE Anthropofens, programme européen de préservation des tourbières alcalines en Hauts-de-France et de Wallonie, dont la Tourbière de Marchiennes, a pour vocation à réhabiliter ces milieux et à créer les conditions nécessaires à leur maintien. Le projet a rendu possible l’acquisition de ce joyau, déjà entretenu et préservé avec bienveillance par ses anciens propriétaires privés amoureux du marais, par le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France fin 2019 et permettra de nombreuses études et travaux au cours des prochaines années.

© L.Caron (Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France)

Un site aux multiples enjeux

Au cœur des vallées de la Scarpe et de l’Escaut, labellisées RAMSAR, la désormais Réserve naturelle nationale de la Tourbière alcaline de Marchiennes s’étend sur 34 hectares de marais alcalins tourbeux typiques où s’entremêlent vastes zones de roselières, prairies humides, boisements et réseau de fossés, témoins de l’histoire du territoire. Dès le Moyen-âge, les marais et tourbières du territoire ont été aménagés par les grandes abbayes monastiques, utilisant les fossés créés pour la production de poissons et les bandes de terres (appelées localement « lègres ») pour le maraîchage ou, pour les plus inondées, pour la culture et l’exploitation des roseaux pour les toitures de chaume.

Aujourd’hui, la tourbière est devenue un exemple original représentatif et bien conservé de tourbière alcaline de la Vallée de la Scarpe et surtout un écrin de nature au patrimoine naturel exceptionnel. Grenouille des champs, Dolomède, Butor étoilé, Blongios nain, Grande douve, Gesse des marais… le site naturel abrite de multiples espèces rares et menacées. Leur inventaire encore incomplet promet encore de belles surprises. Ce sera l’objet des suivis de la faune et de la flore réalisés dans les mois à venir par les naturalistes du Conservatoire d’espaces naturels épaulés de leurs homologues du Conservatoire Botanique national de Bailleul et du PNR Scarpe Escaut. L’amélioration des connaissances écologiques tout comme la préservation de la ressource en eau et la compréhension du fonctionnement hydrologique du site sont parmi les objectifs du futur plan de gestion, dont la rédaction va être engagée cette année.

© L.Caron (Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France)

Le classement en Réserve naturelle nationale, une étape

La procédure de classement à peine aboutie, les prochaines échéances se profilent déjà : la désignation du gestionnaire de la Réserve dans les mois qui viennent puis, au cours de cette année et jusqu’en 2023, la rédaction du plan de gestion qui centralisera l’état des connaissances actuels du site et la feuille de route des travaux et études et actions à venir pour les cinq prochaines années ainsi que la poursuite des travaux de restauration.

L’ouverture de ce site naturel d’exception est également programmée. Il répond aux attentes de la population locale mais aussi de visiteurs adeptes de tourisme vert pour se ressourcer et profiter des bienfaits de la nature dans un cadre privilégié. Un sentier de balade aménagé par le Département du Nord existe déjà sur la partie nord, il sera sans doute renforcé dans les prochaines années par une ouverture au public du secteur sud. Il s’agira alors de concilier l’accès aux visiteurs et la quiétude de la faune sur la réserve.

En attendant, des sorties nature guidées par un animateur seront organisées durant l’année. Retrouvez toutes les dates sur cen-hautsdefrance.org et partez à la découverte de la toute nouvelle Réserve naturelle nationale de la Tourbière alcaline de Marchiennes.

Pour en savoir plus :

www.cen-hautsdefrance.org

www.life-anthropofens.fr

* L’action 35 du Plan national biodiversité vise à conforter le réseau d’aires protégées et cible la création ou l’extension de 20 Réserves naturelles nationales d’ici 2022.

Interview : Sylvain THIERY, Conservateur bénévole de sites naturels à Cambronne-lès-Clermont (Oise)

Tout au long de l’été, des bénévoles se sont mobilisés auprès du Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France pour proposer aux habitants de la région une opération inédite : « Rendez-vous en terrains connus« . Plus de 100 activités nature ont ainsi été proposées gratuitement au grand public en juillet et en août, dont 30 ont été animées par des Conservateurs bénévoles. Parmi eux, Sylvain THIERY, Conservateur bénévole à Cambronne-lès-Clermont, nous livre son témoignage au travers d’un entretien personnel.  Continuer la lecture de Interview : Sylvain THIERY, Conservateur bénévole de sites naturels à Cambronne-lès-Clermont (Oise)

Témoignage : Thierry Decouttere, Conservateur bénévole des sites naturels de Rocquemont (Oise)

« Conservateur bénévole des sites naturels de Rocquemont (dans le Sud Est de l’Oise) depuis une douzaine d’années, j’ai rejoint le Conservatoire d’espaces naturels car il me semblait (et j’ai pu le vérifier bien entendu par la suite), que cette association œuvrait pour la préservation de patrimoines naturels, sans parti pris, sans exclusion (les sites que l’on m’a confiés sont accessibles aux chasseurs, exploitants agricoles, éleveurs, naturalistes…). Il me parait important de n’exclure personne si l’on veut durer… Continuer la lecture de Témoignage : Thierry Decouttere, Conservateur bénévole des sites naturels de Rocquemont (Oise)

Restauration des tourbières alcalines de notre territoire : réunion technique sur le Marais de Villiers dans le cadre du programme européen LIFE Antropofens

Définition d’un programme ambitieux de restauration des tourbières basses alcalines présentes sur notre territoire : réunion technique sur le Marais de Villiers (62).

Dans le cadre du programme LIFE Antropofens, une réunion de terrain a été programmée sur les tourbières de Roussent et Villiers avec les services de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) du Pas-de-Calais. L’objectif a été de présenter les travaux écologiques prévus pour les 5 prochaines années et de définir les démarches réglementaires à effectuer en conséquence. Cela représente une première étape indispensable pour la mise en place de ce programme ambitieux de restauration des tourbières basses alcalines gérées par le Conservatoire d’espaces naturels.

Marais de Rousent (62) géré par le Conservatoire d’espaces naturels (© M. Drouglazet)

Marais de Roussent (62) géré par le Conservatoire d’espaces naturels (© M. Drouglazet)

En savoir plus : Qu’est-ce que le Programme européen de financement LIFE ?

Montreuil-sur-Mer : les chèvres ont pris leurs quartiers d’été aux pieds des remparts

Trois chèvres ont été lâchées mercredi 3 juin vers la fin d’après-midi au pied du Bastion Bouillon

Les chèvres elle aussi ont le droit au déconfinement ! Depuis le 3 juin,  elles peuvent à nouveau profiter de leurs quartiers d’été à Montreuil-sur-Mer. Ce nouvel eco-pâturage (à proximité du Bastion Bouillon pour les connaisseurs du site des remparts et la Citadelle) s’inscrit dans la continuité des actions entreprises par le Conservatoire d’espaces naturels avec la ville dans une optique de gestion durable du territoire communal. Cet eco-pâturage a vu le jour grâce au soutien financier du Fonds d’intervention sur les enjeux écologiques territoriaux (Conseil départemental du Pas-de-Calais) et de la Communauté d’Agglomération des 2 Baies en Montreuillois (CA2BM).

Découvrez les Remparts et le Marais de Montreuil-sur-Mer ainsi que les modalités du partenariat entre le Conservatoire d’espaces naturels et la commune pour la préservation de la biodiversité en visionnant cette vidéo.

Site des Remparts de Montreuil-sur-Mer, géré par le Conservatoire d’espaces naturels (©S. Declercq).

Patrimoine géologique des Hauts-de-France : une exposition dédiée aux paysages de notre région

Les Hauts-de-France : un patrimoine géologique exceptionnel à valoriser

L’inventaire régional du patrimoine géologique (IRPG) des Hauts-de-France initié en 2007 en Nord – Pas-de-Calais et en Picardie a fêté ses 13 printemps. Désormais continu, il compte en 2020, 146 sites, grands ensembles et objets géologiques. Continuer la lecture de Patrimoine géologique des Hauts-de-France : une exposition dédiée aux paysages de notre région

Le Bois de Linghem | Linghem (PAS-DE-CALAIS)

DESCRIPTION DE CE SITE NATUREL À DÉCOUVRIR

Le Bois de Linghem fait partie d’un complexe boisé situé également sur la commune de Quernes, au sein de la vallée de la Lys. Le Bois s’est développé sur une butte sableuse utilisée autrefois pour les activités pastorales de la commune. Après la 2nde guerre mondiale, ces activités paysannes ont cessé. La butte s’est alors progressivement boisée. Certaines espèces de flore témoignent encore d’un paysage de landes aujourd’hui révolu. Quelques végétations sont apparues à la faveur de coupes forestières. Ce boisement est désormais très prisé par la population locale pour la promenade. Continuer la lecture de Le Bois de Linghem | Linghem (PAS-DE-CALAIS)