Robin Desrumeaux, un jeune homme en recherche d’emploi, s’est pris au jeu de l’observatoire Oiseaux des jardins (OdJ) jusqu’à devenir le premier observateur 2015 de la région Nord – Pas-de-Calais et de France ! Focus sur ce nouvel adepte.
Une nouvelle vie commence
Suite à une fin de contrat de travail, je me suis retrouvé, fin septembre 2013, sans emploi. Parallèlement à ma recherche d’emploi, j’ai profité de mon temps libre pour démarrer de nouvelles activités. Ayant toujours aimé la nature, je me suis vite rendu compte de la richesse que peut abriter un jardin. Au départ, quasiment toutes les espèces me semblaient inconnues ! Pendant quelques mois, j’ai donc observé les oiseaux de mon jardin et j’ai appris à reconnaître les plus communs. Puis, il m’est vite apparu essentiel de rejoindre le monde associatif, aussi bien pour donner de mon temps que pour partager mes observations.
J’ai décidé de contacter au début de l’année 2014 le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) de la région. On m’a mis en relation avec Nathalie Devezeaux, la coordinatrice régionale du programme Vigie-Nature. L’association ne proposait pas de suivi pendant cette période hivernale. Elle m’a donc conseillé de participer à l’observatoire Oiseaux des jardins.
Je me suis prêté au jeu et me suis donc rapidement inscrit à l’observatoire. Au début, j’observais de manière très irrégulière et ma méthode d’identification était très perfectible. J’observais quand j’en avais le temps, parfois sur de très courtes durées. Je ne me rendais pas encore compte qu’il y avait des périodes plus propices à l’observation. Dans le cadre du comptage national de printemps, je me suis mis à respecter le créneau d’une heure d’observation pour pouvoir par la suite avoir plus de facilités pour comparer et exploiter mes données.
Ce qui m’a le plus plu, c’est le côté participatif et l’utilité de mes données pour les scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle. En effet, cela me permet d’agir à mon niveau. De plus, un des grands avantages de ce programme c’est qu’on participe quand on veut !
Un environnement plutôt accueillant
J’habite dans un quartier résidentiel à Anzin Saint Aubin. J’ai la chance d’être très bien situé car mon jardin est proche du golf qui comprend des milieux ouverts et boisés, une roselière et une rivière (la Scarpe). À travers mes velux, j’ai une vue sur une petite partie du golf, suffisante pour observer de nombreuses espèces en vol ou posées sur les hauteurs des arbres comme la Grande aigrette, le Grand cormoran, le Héron cendré ou l’Épervier d’Europe. En parcourant à pied la partie boisée, on peut y rencontrer le Martin-pêcheur d’Europe, le Grèbe castagneux, le Busard des roseaux ou la Fauvette grisette… De plus, la résidence existant depuis plus de 30 ans, on y trouve des jardins variés avec différents habitats (haie, buisson ou encore résineux), ce qui attire d’innombrables espèces dans les jardins (le Gobemouche gris, la Fauvette babillarde, le Rougequeue à front blanc, …).
Au début je me cantonnais à l’observation de mon jardin. Puis, fin 2014, j’ai commencé à sortir dans des parcs publics. Le programme OdJ permet d’ailleurs de transmettre des observations effectuées dans ce genre de lieux. Au printemps 2015, j’avais visité 10 lieux d’observations, tous inscrits à OdJ (dont un site du CEN : le marais de Maroeuil).
De débutant à confirmé
Je me suis rendu à l’animation sur les Oiseaux des jardins organisée par Nathalie à Dainville en février 2015. C’était une période frustrante, car j’avais l’impression de stagner dans mes observations. J’avais besoin de conseils pour progresser. Cette rencontre m’a reboosté. J’ai appris à chercher les oiseaux par rapport à leur exigence écologique. J’ai ainsi découvert des oiseaux plus discrets comme le Roitelet huppé.
Je me suis donc mis à observer avec beaucoup plus d’analyse. Et plus on en fait, plus on a envie d’y revenir car on perçoit de nouveaux critères d’identifications ou parce que l’on observe des comportements typiques qui permettent de mieux comprendre une espèce. Par exemple, j’ai pu suivre toute la saison d’une famille de Gobemouche gris : depuis leur arrivée, en passant par leur recherche d’un coin de gouttière calme où nicher, l’arrivée puis le nourrissage des jeunes, jusqu’à leur départ. Chaque jour, c’est un nouveau spectacle, toujours différent, il y a un vrai côté magique !
À ce jour, j’ai un fichier qui comprend plus d’un an d’observations. Je vais pouvoir l’étudier (il est possible de télécharger ses données sur le site) et ainsi analyser les périodes de migrations. Par exemple, j’ai observé la Mésange noire dans mon jardin en 2015 mais pas en 2014. Est-ce dû à mon perfectionnement dans l’identification ou à d’autres facteurs ? Pour éviter les mauvaises interprétations, je dois attendre d’avoir une deuxième année complète d’observations. Cela me permettra d’effectuer des analyses bien plus précises, d’évaluer les évolutions de chaque espèce et leur présence dans le temps.
Le matériel, pas qu’une affaire de spécialiste
J’ai débuté l’observation avec une petite paire de jumelles et un appareil photo numérique, sans connaissances ornithologiques. Puis, au fur et à mesure des anniversaires et des Noëls, je me suis équipé d’une bonne paire de jumelles, d’un appareil reflex et de plusieurs livres (un nouveau tous les deux mois environ pour finir enfin avec l’inévitable « Guide ornitho » paru aux éditions Delachaux et Niestlé.
L’utilisation de la photographie pour faciliter les identifications d’espèces fût sûrement ce qui m’a le plus permis de progresser ! Je prenais beaucoup de clichés, principalement dès que j’avais un doute sur une espèce. De fait, même si je transmettais une observation sur laquelle j’avais un doute, je joignais systématiquement une photo, ce qui permettait aux scientifiques, le cas échéant, de corriger ma donnée. J’envoyais aussi régulièrement certaines photos à Nathalie pour la validation, elle m’a bien aidé. Mes photos sont d’ailleurs visualisables sur Flickr.
Pour ceux qui hésitent à rejoindre l’observatoire, mon exemple montre qu’aucune connaissance préalable n’est nécessaire et qu’une paire de jumelles ou un petit appareil photo-numérique peuvent tout à fait suffire pour commencer !
Premier observateur national de 2015
Au début, je participais sans me soucier du classement des observateurs. Et puis je me suis rendu compte que je commençais à accumuler un nombre intéressant de données. C’était rigolo de monter dans les statistiques nationales. Il faut dire que j’ai été très actif en 2015 avec 28 257 oiseaux observés sur 587 périodes d’observations. Mais clairement, ce n’est pas ma motivation principale.
Au contraire, j’essaie d’adopter une démarche plutôt basée sur le qualitatif que le quantitatif. Mon approche est plus ciblée : je vais choisir le lieu, l’heure, la saison. Récemment, j’ai effectué une sortie d’une journée sur la côte. J’ai mis toute la journée précédente à préparer ma sortie (grâce notamment au livre Où voir les oiseaux dans le Nord – Pas-de-Calais paru aux éditions Delachaux et Niestlé.
Cela m’a permis d’observer des oiseaux comme le discret Hibou des marais, que je n’aurais sûrement pas pu observer autrement.
Rencontre avec les experts
J’ai voulu aller plus loin, j’ai donc contacté le GON (Groupe Ornithologique et Naturaliste) pour participer à des suivis, rencontrer de nouvelles personnes, connaître de nouveaux lieux d’observations. Cela m’a permis de trouver l’échange humain qui manque à l’observatoire. J’ai également rejoint leur programme de formation ornithologique, ce qui m’est très utile pour réellement acquérir des bases de connaissances solides.
Deux de mes objectifs pour 2016 sont de progresser dans la photographie et d’observer de nouvelles espèces. Je souhaiterais également trouver des opportunités professionnelles, si possible en rapport avec ce type de missions, car je suis toujours en recherche d’emploi.
En somme, participer au programme Vigie-nature m’a permis de découvrir le monde passionnant des oiseaux et de réaliser des actions pour leur protection.