Comme chaque année, le dernier weekend d’août est consacré à la Nuit internationale de la chauve-souris ; l’occasion pour le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) de sensibiliser le grand public à la préservation des chiroptères. Sur le territoire de l’Avesnois, cet événement s’est déroulé sur la commune de Monceau-Saint-Waast, où un gîte a récemment été aménagé grâce au partenariat avec la Communauté d’Agglomérations Maubeuge – Val de Sambre (CAMVS). Plus de 80 personnes ont ainsi fait le déplacement, curieux d’en apprendre davantage sur ces mammifères fascinants.
Les reines de la nuit à Monceau Saint-Waast
Coordonnée dans toute l’Europe par Eurobats et organisée en France par la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM), la Nuit internationale de la chauve-souris fêtait en 2016 sa vingtième édition.
De nombreuses espèces de chauves-souris sont en voie de disparition et leurs milieux de vie menacés. Nous rendant d’inestimables services, elles restent pourtant trop peu connues. Pour sensibiliser le public, des sorties gratuites étaient organisées dans toute la région et donnant ainsi l’occasion de se familiariser avec ces mammifères fascinants.
Dans le cadre de cette opération, le Conservatoire d’espaces naturels du Nord et du Pas-de-Calais (CEN), la Communauté d’Agglomération Maubeuge – Val de Sambre (CAMVS), le CPIE Bocage de l’Avesnois, la commune de Monceau Saint-Waast et la CMNF proposaient un rendez-vous le samedi 27 août 2016 à Monceau Saint-Waast. Petits et grands étaient invités à venir en apprendre un peu plus sur les chauves-souris au sein de leurs demeures insolites.
En compagnie de professionnels et de bénévoles, les participants ont pu assouvir leur curiosité et découvrir l’univers captivant des chauves-souris : leurs mœurs, leurs techniques de chasse et même leurs cris grâce à un détecteur d’ultrasons. Après une petite présentation en salle, en route pour l’observation en immersion…
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Les chauves-souris sont utiles et fragiles
Les chauves-souris sont de grandes consommatrices d’insectes et peuvent en chasser plusieurs milliers par nuit. Si les soirs d’été, nous apprécions ce service rendu, sachez qu’elles sont également de véritables alliées pour les agriculteurs car elles comptent, parmi leurs proies, plusieurs espèces de ravageurs majeurs en agriculture.
Si dans nos campagnes, elles ont appris à cohabiter avec l’Homme, elles en ont également été les victimes notamment à travers les grands bouleversements qui ont eu lieu dans les pratiques agricoles d’après-guerre : l’utilisation généralisée des pesticides, le remembrement (provoquant l’arrachage des haies, de bois qu’elles utilisent comme route de vol ou terrains de chasse), les monocultures, etc.
Cette 20e Nuit de la chauve-souris était l’occasion de mettre en lumière leur utilité pour l’Homme mais également leur fragilité étroitement liée à lui.
Il est temps de détromper l’ignorance des hommes sur les chauves-souris :
– Non, elles ne s’accrochent pas aux cheveux ;
– Non, elles ne mordent pas au cou pour sucer le sang ;
– Non, elles ne sont pas aveugles ;
– Non, elles ne dégradent pas le bois ni la laine de verre.
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Le Plan d’actions chiroptères par le Conservatoire d’espaces naturels du Nord Pas-de-Calais et la Communauté d’Agglomération Maubeuge – Val de Sambre (CAMVS)
Le plan d’actions chiroptères en bref…
Notre région recèle de milieux de grand intérêt écologique, riches d’une faune diversifiée. Cependant, certaines espèces animales, sont devenues rares et leur aire de répartition est aujourd’hui restreinte. Il est donc devenu nécessaire de préserver leurs milieux de vie afin de garantir leur conservation.
Consciente de cet enjeu, la Communauté d’Agglomération Maubeuge – Val de Sambre a développé dès 2009 un plan d’actions en faveur des chauves-souris. Dans le cadre de ce plan animé par le Conservatoire d’espaces naturels du Nord et du Pas-de-Calais, des actions visent à préserver des gîtes d’hibernation et de reproduction.
Ce plan vise la conservation des espèces présentes sur le territoire et s’articule autour de trois objectifs :
– la connaissance :
identifier, étudier et cartographier les espèces et leurs sites d’hibernation, de reproduction et de chasse dans l’agglomération ;
– la protection :
préserver les sites de manière physique par des aménagements (pose de grilles), ou de façon réglementaire par des arrêtés préfectoraux ou le classement en réserve ;
– la valorisation :
sensibiliser le grand public grâce à des supports d’informations et des animations.
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Quid de la chauve-souris
Les chiroptères ou chauves-souris sont des mammifères. En France, les chauves-souris sont toutes protégées. Hormis les calottes polaires, les montagnes de haute altitude, les îles particulièrement isolées ou le centre des plus grands déserts, ces mammifères volants ont conquis tous les milieux de la planète.
On les trouve dans un nombre impressionnant de gîtes naturels : milieux souterrains, crevasses et fissures des parois rocheuses, sous les feuillages, derrière les écorces ou dans les cavités des arbres. Depuis que l’homme s’est fait bâtisseur, elles occupent aussi la majorité des constructions, des charpentes aux caves, en passant par les ponts et les ouvrages militaires. Plusieurs dizaines de millions d’années d’évolution ont fait de ces mammifères nocturnes des merveilles d’adaptation.
L’aile de la chauve-souris
C’est en fait une main modifiée. À l’exception du pouce, les autres doigts sont particulièrement allongés et sous-tendent une fine membrane de peau, souple et élastique, assurant la portance. Cette main ailée peut aussi servir de protection quand l’animal est au repos. Il s’en enveloppe alors comme d’une grande cape isolante. Les ailes agissent aussi comme un régulateur thermique. Brassant l’air nocturne, elles contribuent à abaisser la température de l’animal en vol. Les chauves-souris ne se contentent pas de voler, certaines se déplacent avec agilité sur le sol, dans les branches ou sur les voûtes des cavités.
Tout à l’envers
Presque toutes les chauves-souris passent une grande partie de leur vie la tête en bas. Les pieds des chiroptères ont subi une rotation de 180° par rapport aux nôtres, adaptation qui s‘avère idéale pour s’accrocher facilement aux branches, aux voûtes des cavités ou aux charpentes. Quand elles se suspendent, leur poids exerce une traction sur des tendons qui maintiennent les griffes en position d’accrochage. Elles ne dépensent donc aucune énergie, même pendues pendant de très longues périodes.
«Voir avec les oreilles»
Presque toutes les chauves-souris quittent leur gîte à la tombée de la nuit. L’essentiel des espèces s’oriente et chasse à l’aide de l’écholocation, un système comparable au sonar qui leur permet d’évoluer dans l’obscurité la plus totale. Elles font partie des rares animaux qui peuvent « voir avec leurs oreilles ». La vue si elle est tout à fait fonctionnelle, constitue l’un des sens les moins performants, l’ouïe et l’odorat étant particulièrement développés.
Insecticides naturels
En Europe, toutes les chauves-souris sont insectivores. En une nuit, une chauve-souris peut consommer près de la moitié de son poids en insectes variés tels les moustiques et autres parasites de l’homme, mais aussi des papillons de nuit. Les chauves-souris se comportent donc comme d’excellents insecticides naturels.
L’hibernation
En hiver, leurs proies disparaissant, les chauves-souris ne peuvent plus se nourrir et entrent en léthargie. La température de leur corps s’abaisse considérablement, et tous les mécanismes physiologiques sont extrêmement ralentis (rythmes cardiaque et respiratoire…). Elles sont alors très fragiles et tout dérangement peut leur être fatal, en raison de la dépense énergétique – non compensable – liée au réveil.
Une reproduction particulière
L’hibernation induit chez les chauves-souris un cycle de reproduction très particulier. Si les accouplements ont lieu en automne, la fécondation des ovules n’a lieu qu’au sortir de l’hiver. Il s’agit d’une ovulation différée, ovules et spermatozoïdes restant « séparés » jusqu’à cette période. En évitant ainsi une trop grande dépense d’énergie à la fin de l’hiver, les femelles peuvent reconstituer leurs réserves et aborder dans de bonnes conditions physiologiques la période de mise bas et l’élevage de leur unique jeune de l’année durant l’été (les jumeaux sont rares).
Des animaux menacés
En France, les chauves-souris sont toutes protégées par la loi du 17 avril 1981 relative à la protection de la nature (il est strictement interdit de les détruire). Mais les dérangements durant l’hiver, la disparition de leurs gîtes, l’utilisation intensive de pesticides, les transformations des paysages qui s’accompagnent d’une raréfaction de leurs proies, liés à un faible taux de renouvellement des populations (un seul jeune par femelle et par an) sont autant de facteurs compromettant leur survie. Le dernier arrêté ministériel assurant la protection des chauves-souris et des autres mammifères terrestres en France date du 23 avril 2007.